Reposé, disponible, droit dans ses bottes. Mais, après le silence, vient le temps de la parole pour porter sa voix, son message, sa libre expression.  Cloé Przyluski

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Je l'ai trouvé blotti sous quelque roche humide, Ou rampant dans les bois, spectre hâve et timide Qui n' entendait partout que gronder et rugir, Seul affamé, seul triste au grand banquet des êtres, Du fond des eaux, du sein des profondeurs champêtres Tremblant toujours de voir un ennemi surgir. Mais quoi! sur cet objet de ta haine immortelle, Imprudent que j' étais, je me suis attendri; J ' allumai la pensée et jetai l' étincelle Dans cet obscur limon dont tu l' avais pétri. Il n' était qu' ébauché, j' achevai ton ouvrage. Plein d' espoir et d' audace, en mes vastes desseins J ' aurais sans hésiter mis les cieux au pillage, Pour le doter après du fruit de mes larcins. Je t'ai ravi le feu; de conquête en conquête J ' arrachais de tes mains ton sceptre révéré. Grand Dieu! ta foudre à temps éclata sur ma tête; Encore un attentat, l' homme était délivré! La voici donc ma faute, exécrable et sublime. Compatir, quel forfait! Se dévouer, quel crime! Quoi! j' aurais, impuni, défiant tes rigueurs, Ouvert aux opprimés mes bras libérateurs?

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Devant un Dieu jaloux qui frappe et qui déteste, Et dans mon désespoir me dire avec horreur: « Celui qui pouvait tout a voulu la douleur! » Mais ne t' abuse point! Sur ce roc solitaire Tu ne me verras pas succomber en entier. Un esprit de révolte a transformé la terre, Et j'ai dès aujourd 'hui choisi mon héritier. Il poursuivra mon œuvre en marchant sur ma trace, Né qu'il est comme moi pour tenter et souffrir. Aux humains affranchis je lègue mon audace, Héritage sacré qui ne peut plus périr. La raison s' affermit, le doute est prêt à naître. Enhardis à ce point d' interroger leur maître, Des mortels devant eux oseront te citer: Pourquoi leurs maux? Pourquoi ton caprice et ta haine? Oui, ton juge t' attend, - la conscience humaine; Elle ne peut t' absoudre et va te rejeter. Le voilà, ce vengeur promis à ma détresse! Ah! quel souffle épuré d' amour et d' allégresse En traversant le monde enivrera mon cœur Le jour où, moins hardie encor que magnanime, Au lieu de l' accuser, ton auguste victime Niera son oppresseur!

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Les silences profonds sont des paroles intimes. Devant le vide sublime, Ils sont entrés sur la pointe des pieds et, sans un bruit, ils ont laissé place à la vérité. Mes silences profonds sont des paroles que je te souffle. Même si la réalité parfois m'époustoufle, Tes vents ont brûlé nos adieux. Sans un bruit, arrachez-moi les yeux! Parfois, les mots laissent place au silence. Il nous parle, il touche par sa clairvoyance, et nous fait grandir de sa vérité immense. Les silences profonds sont les paroles que je t'ai susurrées dans mon esprit serein, j 'ai enfin trouvé la paix. Le bonheur est insipide, sans un bruit, ma vérité est devenue limpide. Les silences sont les sauveurs de l'humanité, Devant la cruauté des hommes et du progrès, Ils apaisent en douceur les folles passions et laissent place à la réflexion. Parfois les mots se murent devant le silence, Ils nous touchent par leur absence, et nous font grandir à l'ombre de leur inexistence. Myriam Ghibaudo

Ce n' était point assez de mon propre martyre; Ces flancs ouverts, ce sein qu'un bras divin déchire Est rempli de pitié pour d' autres malheureux. Je les vois engager une lutte éternelle; L ' image horrible est là; j'ai devant la prunelle La vision des maux qui vont fondre sur eux. Ce spectacle navrant m' obsède et m' exaspère. Supplice intolérable et toujours renaissant, Mon vrai, mon seul vautour, c'est la pensée amère Que rien n' arrachera ces germes de misére Que ta haine a semés dans leur chair et leur sang. Pourtant, ô Jupiter, l' homme est ta créature; C 'est toi qui l'as conçu, c'est toi qui l'as formé, Cet être déplorable, infirme, désarmé, Pour qui tout est danger, épouvante, torture, Qui, dans le cercle étroit de ses jours enfermé, Étouffe et se débat, se blesse et se lamente. Ah! quand tu le jetas sur la terre inclémente, Tu savais quels fléaux l'y devaient assaillir, Qu 'on lui disputerait sa place et sa pâture, Qu 'un souffle l' abattrait, que l' aveugle Nature Dans son indifférence allait l' ensevelir.