C'est ingénieux. Mais, peut-être parce qu'il faut forcément prendre un chef-d'œuvre de Mozart au plus grand sérieux, ça ne suffit pas _ en effet. Les costumes (Ursula Kudrna) nous orientent vite vers une temporalité précise et tragique: la Première Guerre mondiale. Les trois Dames, qu'on avait vues pendant l'ouverture en servantes affairées, font leur véritable entrée en veste et calot militaires. Les épreuves à subir _ carrément sadiques _ seront celles des bombes et des tranchées. Or ce n'est pas fini: tout ceci ne serait-il que l'univers parallèle d'un cirque imaginaire _ d'un Fellini mortifère _? Flute enchantée salzbourg 2018. Sarastro apparaît en bateleur d'un petit monde de freaks _ oui, hélas _ où Pamina _ à l'envers absolu d'une princesse de conte de fées: Christiane Karg est costumée et grimée en sorcière quasi lubrique… _ est la cible du lanceur de couteaux… C'est infiniment travaillé, stimulant, mais trop foisonnant. Simplifier ne nuirait pas, même si ce mélange d'enfance et de gravité est à la juste croisée des chemins de la Flûte.
Un préambule campé dès l'ouverture, qui passe en revue les personnages futurs de La Flûte. La table de la salle à manger, où trône le paterfamilias (Tamino), bientôt appelé à l'extérieur par les trois accords « maçonniques » de mi bémol. Restent ses trois garçons turbulents vissés par une éducation rigoureuse, la grand-mère colérique, qui n'est autre que la Reine de la nuit, avec ses servantes, alias les Trois Dames. Dans les cuisines en sous-sol de ce monde à la Downton Abbey, une domesticité inquiétante: la vieille cuisinière Papagena, qui en pince pour un Papageno boucher pourfendeur de dindes genre famille Addams, tandis que le commis Monostatos arbore une chevelure électrisée. Festival de Salzburg / La Flûte enchantée - Mozart : visionnaire désenchantement. Seule l'absence de Pamina, dont le portrait trône au salon, laisse à penser qu'elle n'est plus de ce monde… Contre-pied Il y a beaucoup de théâtre dans ce travail, qui a subtilisé en partie les habituels récitatifs pour la narration de Brandauer et redistribué certaines parties vocales. Dans leurs petits lits à la Boucle d'or et les trois ours, les loupiots vont revivre en direct l'histoire de cette princesse enlevée par Sarastro et de cette Reine de la nuit prête à tout pour récupérer sa fille.
Car, dans leur naïveté même, tous ces personnages font preuve de nuances, d'ambiguïtés, de doutes, magnifiés par la musique de Mozart. Ainsi le courageux Tamino se retrouve parfaitement démuni face à la détresse de sa bien-aimée Pamina; celle-ci, dépendante de l'amour de son prince au point de vouloir se donner la mort quand elle se croit trahie, saura pourtant, au moment de la traversée de redoutables épreuves initiatiques, guider le jeune homme à travers flots et flammes.
L'œuvre novatrice « Balabala » du chorégraphe indonésien Eko Supriyanto & de la Ekosdance Company constituera un autre point fort du programme. Avec le projet « Lookout », l'Anglais Andy Field et des élèves de la région porteront un regard visionnaire sur l'avenir de Salzbourg, depuis les collines de la ville. Flute enchantée salzbourg 2014 edition. La Collection d'art Würth s'invite au DomQuartier Du 18 mai au 24 septembre 2018, le DomQuartier Salzburg présentera des objets précieux issus de la Collection d'art Würth. Dans l'oratoire nord, cette exposition unique en son genre comprendra principalement des œuvres du XVII e siècle, parmi lesquelles des coupes et récipients en argent et autres matières précieuses. Les sculptures en ivoire, albâtre et buis ont été façonnées par les grands maîtres de leur époque, notamment Leonhard Kern, Georg Petel et Matthias Steinl. Des objets issus des collections d'artistes contemporains complètent cette exposition de près de 70 œuvres. À proximité, on pourra admirer d'autres œuvres de la Collection Würth dans le « Jardin des sculptures Würth » au pied du Château Arenberg.