« On peut dire que ce que j'ai écrit est hanté par quelques figures qui sont celles de Foucault, déclare-t-il, de Bourdieu, et donc mon écriture est un dialogue avec eux, même s'il s'agit parfois – souvent même – d'un dialogue critique. » (P. 56) Le sociologue évoque aussi Jacques Derrida ou Gilles Deleuze, et commente les productions du courant queer. Il souligne l'importance des travaux d'Eve Kosofsky Sedgwick, de Georges Chauncey, de Judith Butler et de Léo Bersani. Didier Eribon pense que la question de son positionnement – ou non – au sein des queer, gay et lesbian studies n'est pas cruciale. En effet, comme Judith Butler, le Rémois insiste sur les problèmes liés à l'institutionnalisation de la théorie queer. Il pense qu'il s'est constitué un ensemble de dogmes et d'articles de foi queer. De nombreux travaux queer ne sont plus des incitations à penser, mais de véritables interdictions empêchant toutes discussions ou innovations. Un autre danger est constitué par « l'idéalisme simpliste », la naïveté « petite bourgeoise » de « la vulgate queer ».

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Après la mort de son père, l'auteur retourne a Reims qui est sa ville natale, et retrouve donc donc sa mère, son milieu d'origine avec lequel il avait rompu des années auparavant. Il décide dans ce grand livre de sociologie et de théorie critique, de se plonger dans son passé et de retracer l'histoire de sa famille. Evoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son ascension sociale, il mêle à chaque étape de ce récit intime les éléments d 'une réfléxion sur les classes sociales, la politique, le vote, la démocratie… Dans ce livre, Didier Eribon expose et analyse certains des determinismes sociaux qui ont pu peser sur lui et le définir, la démarche est critique, autoréflexive. Il raconte comment il a été amené à choisir de quitter Reims et sa famille et pourquoi il a couper les ponts avec celle ci. En effet partir, c'est mettre en place des conditions pour se changer soi-même. Mais comment il n'a aussi pas tout perdu de son passé, il déclare « Les traces de ce que l'on a été dans l'enfance, de la manière dont on a été socialisé perdurent même lorsque les conditions dans lesquelles on vit à l'âge adulte ont changé » Eribon qui n'a presque que travaillé sur la vie intelectuelle francais ou sur les questions relatives à la sexualité dans ses ouvrages, ici veut se pencher sur des questions concernant la classe ouvrière, pauvre, et sa propre naissance au sein de cette classe.

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Il faut alors affirmer que la seule prise de conscience de l'existence de normes ne suffit pas à leur échapper. « Les rôles sociaux nous précèdent » et, ce qui importe, c'est l'incorporation. Comme le reconnaît Judith Butler 2, la notion d' habitus offre ici un outil précieux pour penser ces assujettissements de manière collective, et non pas individualiste. La honte, affect central dans la réflexion de Didier Eribon, est pensée en étroite relation avec « l'incorporation du social », l'inscription des « hiérarchies » au plus profond de « nos têtes ». On peut donc aussi la penser en termes d'« habitus ». La mobilisation de ce concept permet encore de développer une analyse des subjectivités et des subjectivations échappant aux approches de la psychologie, de la psychanalyse et à leurs tendances à l'individualisation, à la dépolitisation et à la normalisation des pratiques. Cette réflexion aux multiples origines intellectuelles nous invite aussi à penser comment, si la honte peut « réduire au silence », elle peut aussi devenir une « énergie transformatrice » (Eve Kosofsky Sedgwick) 3 Claude Grignon et Jean-Claude Passeron, Le savant et le populaire, Paris, Gallimard-Le Seuil, 1989 (... ) 4 Bernard Lahire, L'Homme pluriel, Paris, Nathan, 1998, 271p.

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A la faveur de ce retour à Reims, Didier Eribon se redécouvre fils d'ouvrier, lui qui s'était toujours envisagé comme un enfant gay. Et de s'interroger: comment les catégories contemporaines de la politique fabriquent-elles les enfants que nous avons été? En quoi la quasi-disparition du marxisme d'un côté, et, de l'autre, la force des mouvements culturels et sexuels prescrivent-ils aujourd'hui ce type de lecture de soi-même? La politique ne transforme pas seulement le présent et le futur: elle transforme aussi notre passé, notre rapport à nous-mêmes et notre manière de nous définir. Si ce que nous sommes est institué par les théories politiques, il convient dès lors de rompre avec les théories qui découpent le monde selon des frontières uniques (de classes, de genre, de race, de sexualité) ou prétendent que certaines identités seraient plus « vraies » et plus importantes que d'autres. Didier Eribon propose donc d'élaborer une théorie du sujet qui nous permet de penser la multiplicité de nos expériences et d'être le sujet simultané de plusieurs politiques.

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Une autre figure tutélaire plane sur ce texte: celle de Michel Foucault, avec qui Eribon se lia d'amitié et auquel il consacra une biographie de référence, pas toujours foucaldienne, d'ailleurs. Là encore, ce que l'auteur en dit dans Retour à Reims se réduit à un réflexe sainte-beuvien, plutôt étrange pour parler d'un structuraliste: si l'anormalité a tant mobilisé le célèbre philosophe, c'est parce que lui-même la vivait dans sa chair, à l'époque de la dictature hétéronormée. Certes. Mais le propos paraît sommaire au regard de la richesse d'une oeuvre considérable. Au terme de la lecture, s'impose l'idée qu'Eribon a définitivement choisi son camp, mais n'a pas totalement résolu les contradictions qui l'ont finalement conduit à désirer le statut d'intellectuel. Parution: 30-09-2009 Fayard 252 pages, 135 x 215 mm

Amorcé à la mort du père, avec lequel Didier Éribon n'entretenait plus aucun contact, né des photos que lui a montrées sa mère lorsqu'il est revenu la voir, le texte revient sur l'itinéraire de l'auteur d' Une morale du minoritaire et sur la façon dont il a quitté le milieu ouvrier dont il était issu; il retrace pas à pas son ascension sociale tout en topographiant la famille et la classe qui furent les siennes. Il décrypte ainsi dans le même temps le système scolaire, dont il fut un « miraculé »; les usages, traditions, façons de penser et de se penser des ouvriers, ici incarnés par les mots et les destins des membres de sa famille; le fonctionnement d'un système qui pour être démocratique n'en est pas moins inégalitaire. Sa remontée aux sources lui permet aussi de passer en revue quelque quarante ans de l'histoire de la gauche, en particulier les raisons profondes de la désaffection d'un électorat autrefois acquis à sa cause, et aujourd'hui prêt à voter Front national... Retour à Reims articule ainsi les théories de Didier Éribon sur l'oppression sociale et l'oppression sexuelle, et plaide pour une prise en compte globale de toutes les formes de domination, qu'elles soient liées aux pratiques sexuelles, à la classe ou à la race.